mardi 2 septembre 2014

La liste paresseuse

 Retrouvailles

 

 

Elaine arpente les ruelles de Couronne d’un pas enragé. Elle a cherché partout mais n’a pas retrouvé la liste de commande de son dernier client. Elle est persuadée qu’elle la perdue dans la forêt, lors d’un incident, la nuit précédente mais elle n’oserait certainement pas y retourner seule. Aussi s’est-elle mise en quête de celui qu’elle paie pour l’escorter et qui semble aimer jouer à cache-cache ces temps-ci .

Elle finit par apercevoir le malandrin : « Zéphyr ! » s’exclame-t-elle d’un ton qu’elle essaie de rendre autoritaire sans vraiment y parvenir : « Mais où étais-tu ?! »

Zephyr aperçoit une jeune fille, comme les auuuuu...tres. Elaine, elle s'appelle Elaine. Comme un bon malandrin qui se respecte, il devait certainement avoir dépense le peu de sa paye en putes et en alcool... puis encore en putes... Car putes on rit de fou... enfin un truc du genre. Se baladant simplement, il ne s'attendait pas a voir la rouquine l'haranguer ainsi et c'est d'un sourcil levé qu'il accueille cette salutation. Toutefois, sa voix rauque finit par rétorquer : « Moi aussi je suis content de te revoir. »

Elaine se contrefiche en fait de la réponse et lui laisse tout juste le temps de répondre avant de reprendre avec véhémence : « J’ai été obligée d’aller toute seule dans la forêt hier, pour une commande urgente ! » 

L’incident aurait pu être mineur, ce n’était pas la première fois qu’elle s’y risquait mais… : « J’ai fait des rencontres vraiment bizarres… pour ne pas dire très louches. » Elle fait la moue : « Si bien que euh… Je me suis enfuie et j’ai perdu la liste. » Battement de cils pour lui faire comprendre que, ben, il va falloir aller la rechercher la liste, quoi : « Sinon je suis TRES contente de te voir aussi. » Elle le fusille du regard, les bras croisés, contrariée.

Zephyr  n'a pas vraiment l'air contrarié pour le coup mais la fusille de l'œil - ben ouais il n'en a visiblement qu'un valide donc bon il fait comme il peut - de la même manière qu'elle. Bon son regard bifurque quand même plusieurs fois pour suivre les mèches cuivrées et se laisser un peu divaguer sur la silhouette de l'herboriste. Les belles plantes ne sont pas que dans la nature… Puis elle lui rappelle probablement une pute quelque part, qui sait ce qu'il peut bien avoir à l'esprit. Revenant aux faits, et le sourcil toujours pointé vers le ciel, il rétorque : « C'est ca de se balader seule en forêt. Sinon t'aurais pas besoin de moi et j'aurais des difficultés à me faire de l'argent. Puis ca se trouve ces rencontres ont eu plus peur de toi que toi d'eux »

Elaine ne semble pas remarquer la façon dont l’œil de Zéphyr divague sur elle, elle est innocente après tout. Elle adopte un air blasé : « Oh non… Ils n’avaient pas l’air d’avoir peur du tout. J’ai rencontré une magicienne qui a failli me brûler les pieds et surtout une espèce de type… avec une capuche. Il sautait partout et a envoyé un carreau d’arbalète à ça de mon visage. Il parlait avec une voix d’outre-tombe… Finalement, ils se sont entretués et m’ont laissée de côté alors j’suis partie. » Petit soupir : « en oubliant la liste par terre, naturellement… » Elle semble moins énervée, comme si le souvenir de cet épisode ravivait la peur en elle et que celle-ci atténuait par là-même sa colère.

Zephyr  étire une de ses mains pour ajuster un peu les attaches de sa hache. Le métal de son gant lâche d'ailleurs un bref grincement sinistre alors que son arme tinte brièvement en s'entrechoquant avec son semblant d'armure. Tirant sur sa pipe - car faut toujours profiter des pipes -, il soupire brièvement et crée un bref nuage de fumée alors qu'il lui réplique en la jugeant de son seul oeil : 

« Oui je comprends. La liste était la, tranquille, sur le sol de la foret. Quand soudainement deux étrangers t'ont forcée à partir. Les listes de nos jours ne suivent plus le comportement habituel... »

Elaine le foudroie du regard durant quelques secondes avant d’éclater de rire. Mais quel idiot… : « Non mais… » Elle glousse un peu bêtement : « Je l’avais posée pour ramasser des plantes… » Elle reprend son sérieux assez vite mais semble avoir perdu toute rancune à l’encontre de Zéphyr. Un peu soupe-au-lait, la demoiselle : « Bon… On va la capturer cette liste fugueuse ? » demande-t-elle d’un ton malicieux, « c’est pas très loin dans les bois, mais le type en noir m’a dit que cet endroit appartenait aux ombres, ou je ne sais quoi de très effrayant… »

Zephyr laisse la fumée se dissiper en coinçant sa pipe au coin de ses lèvres. Avec les années, il est devenu plutôt expert de ses lèvres pour manier la pipe, et seulement l'objet en bois pour fumer car sinon il ne mange pas de ce pain là. Il profite d'être à l'arrêt pour ajuster sa ceinture ensuite, l'air de rien alors que la rouquine lui explique son plan. Il ne semble pas vraiment convaincu d'ailleurs et pour traduire son désaccord, il répond : « Bien si la liste est fugueuse, elle ne sera probablement plus à cet endroit. Espérons que la liste est paresseuse plutôt donc »

Elaine lève les yeux au ciel : « Oui, enfin, bref… Elle sera probablement restée sur la mousse au pied du sapin où je l’ai posée. C’était une commande urgente, en plus. J’espère que ceux à qui le remède était destiné ne sont pas morts… » Elle lâche un soupir : « l’alchimiste ne me paiera pas sinon… », pense-t-elle tout haut avant de se rendre compte à quel point cette remarque est intéressée et cynique : « et euh… Les malades seraient morts… Vraiment triste… » Elle agite la main droite de façon nonchalante, chassant le parfum de la fumée qui vient titiller ses narines délicates.

Zephyr hausse les épaules a ses remarques. Il s'en fiche probablement comme de sa dernière pute de savoir si les gens sont morts ou non. Tant qu'il est payé, tout lui va. Il indique d'un mouvement de tête un chemin, l'air de dire que c'est le bon, et souffle : « Bien, en route alors, allons chercher cette liste qui sent le sapin. » Etirant une main comme pour inviter la jeune femme a lui montrer la direction, il semble tout du moins l'inviter à prendre les devants.

Elaine hoche la tête avant de s’élancer vers la sortie de la ville, déblatérant au passage ses dernières recommandations : « Il va falloir être prudent parce que si ces gens là rodent encore dans la forêt et bien, je crois pouvoir dire qu’ils sont dangereux. Et surtout, ils sont furtifs, l’un comme l’autre même si le type à l’arbalète est le plus doué en la matière. Enfin, c’est toi l’expert… » Jusqu’ici elle n’a jamais été déçue des services de Zéphyr mais sait-on jamais…

Zephyr prend les derrières donc... car il était obligé de le faire. Il emboite donc le pas de l'herboriste, restant très près d'elle comme son devoir lui impose et aussi car une foulée pour lui correspond à deux enjambées de la rouquine. Tout en marchant, il en profite pour se distraire comme il peut car Couronne n'est pour le moment pas vraiment un danger en soi selon lui. Il entraine donc son regard sur la silhouette de son employeur, qui malgré son allure enfantine reste tout de même une fille comme les autres, Elaine... Puis, il consent à lui répondre : « Bien il faut savoir négocier par moment aussi, la force n'est pas que le seul recours »


Rencontre fortuite 

 

 

Ashram s'arrêtera net dans sa marche pour détailler les êtres vivants présents. Il était un tant soit peu curieux, c'était rare quand il avait pu croiser ces sous êtres, habituellement ses talents étaient souvent exploités pour des raisons politiques. Rarement pour des êtres inférieurs. Il restera immobile, les mains cachées sous sa cape, à portée de ses poisons, de ses dagues, de ses armes, comme d'habitude au final. L'homme semblera attirer bien plus son regard... Il avait la peau sombre, presque autant que la sienne, mais la hache qu'il portait semblait lui arracher un sourire. Un combattant sûrement, ou alors un marchand.

Elaine continue de parler, parler, parler… Véritable moulin à parole quand elle est lancée : « Oui, tu peux négocier si tu veux, tant que je récupère la liste, je m’enfiche. Tu sais que d’habitude je suis vraiment courageuse » Ou pas mais elle le paie, alors il peut bien faire semblant après tout, « mais franchement, là, j’étais carrément pétrifiée. J’ai cru que ma dernière heure était venue… Oublier la liste, quoi ! Ca ne m’arrive jamais d’habitude, hein ? » Ils croisent un type à la peau d’obsidienne et à la cape noire ce qui la coupe dans sa verve pour quelques instants. 

Toujours commerciale, elle lui adresse un sourire engageant et un petit signe de la main : « Salut, salut ! » fait-elle d’une voix soudain enjouée avant d’en revenir à son garde du corps : « Sinon tu faisais quoi alors, hier ? Je t’ai cherché partout, surtout à la taverne et au bordel… Mais t’y étais pas. »

Zephyr  ralentit le pas quand sa patronne sans âme et pas très douée pour tenir des listes dans ses mains fait de même. Il aperçoit une silhouette sombre. Encore un ivrogne qui s'est chié dessus probablement. Mais en plissant l'œil, il comprend vite que ce n'est pas le cas. Simplement un coiffeur aux oreilles pointus qui a du oublier de se protéger du soleil. Néanmoins, par précaution comme par habitude, sa main gauche vient effleurer le manche de sa plus petite hache, un mouvement que le frottement du métal contre les sangles trahit. Toutefois son comportement ne semble pas agressif et c'est d'un hochement de tète, qu'il veut respectueux, qu'il salue l'étranger. Il reste prudent mais répond avec une certaine légèreté à la jeune femme : «  Hmm.. j'avais une affaire urgente à traiter. Une question de vie ou de petite mort. »

Ashram laissera son regard gris se poser sur la jeune femme lorsqu'elle lui adressera quelques mots ainsi qu'un mouvement. Il tournera la tête immédiatement au bruit qui semble émaner de l'arme de l'homme. Ses yeux rivés sur le moindre de ses mouvements. Il était à l'affut du moindre geste qui pourrait lui paraitre suspect. Ses doigts glisseront même jusqu'à ses dagues qu'il plongera dans ses fioles de poison incapacitant. Il ne répondra cependant pas aux deux, ni un geste, ni un mot... Patient, même presque immobile. Son regard passant rapidement de l'un à l'autre. Une marchande, et lui au vu du réflexe, sûrement un mercenaire. Rien de bien dangereux à ses yeux tant qu'il ne tentera rien, cependant la petite marchande lui semblait bien insouciante, et la réaction de l'homme lui donnait un élément... Aucun des deux ne semblait connaitre l'existence ou la nature de ceux de sa race... Une bonne chose. Il fait alors tourner les lames dans ses mains pour en garder l'acier posé contre ses avants bras, l'oreille tendue, les informations étaient le nerf de la guerre.

Elaine ralentit le pas quelques secondes pour tourner le buste de trois-quarts afin d’adresser un regard moqueur à Zéphyr : « Affaire urgente… T’as ramené une prostituée chez toi ? » Petit gloussement. Ne regardant pas où elle marche, elle manque de se prendre les pieds à l’orée de l’escalier et se rattrape tant bien que mal au prix de contorsions un peu ridicules : « Hmpf. » Cela semble avoir tari son flux de paroles et elle se renfrogne. Enfin, pendant environ trois secondes : « Un peu louche, ce type, non ? Plus ça va, plus il y a des gens bizarres à Couronne, tu ne trouves pas ? » glisse-t-elle à Zéphyr en prenant soin de ne pas parler trop fort.

Zephyr n'a pas vraiment l'air de s'offusquer qu'un gars tout en noir qui semble se toucher sous sa cape ne réponde pas. Il a vu des types faire des choses plus bizarres que cela au cours de ses périples. Son attention toujours divisé entre l'inconnu et la rouquine, il ne capte la maladresse de la rousse qu'au moment ou elle se rattrape de justesse. L'occasion pour lui de lui souffler immédiatement, sur un ton moqueur :  « C'est toi qui a l'air d'avoir fait des folies, tu ne sais même plus marcher… » Visiblement, il n’a pas l'air très gêné. Puis il se contente d'hocher la tête en réponse a ses dires, ajoutant néanmoins dans un murmure : « Je suis nouveau à Couronne mais je veux bien te croire »

Aenur avait suivi les traces de son frère à travers la forêt jusqu'a la cité, y pénétrant et montant les marches il voit alors l'herboriste de la veille, esquissant un sourire il poursuit sa montée, voyant ensuite son frère plus loin face à un homme à la peau sombre.

Ashram se déplacera rapidement une fois les deux personnes hors de portée de ses yeux, des gestes rapides et silencieux, seul le bruissement de sa cape pourra se faire entendre. Il ira se poster près du muret, détailler les deux individus avec intérêt. La maladresse, et le bourru, une bien belle équipe visiblement... Ce ne seraient pas le genre de personnes qui pourraient lui poser problème au détour d'une ruelle... Il tendra cependant encore l'oreille, une liste, elle avait parlé d'une liste... Peut-être qu'il ne s'agissait là que d'une liste de course... Peut-être pas.

Zephyr a l'impression de voir double l'espace d'un instant et croise un autre Nelfgro. Dommage d'ailleurs que les copyrights n'existent pas car il s'en ferait du fric avec ce mot. A nouveau, il incline brièvement son visage respectueusement, comme il l'a fait pour l'autre capitaine Spoke et se contente de suivre la rouquine.

Elaine piaille d’indignation face à la remarque un peu salace de Zéphyr : « Mais non ! » C’est alors que leur chemin croise un autre type comme le premier. Moins cordiale cette fois-ci, la jeune femme le scrute au moment où ils se croisent, d’un air à la fois méfiant et réprobateur. Ses yeux s’arrêtent quelques secondes sur les armes qu’il porte. Elle blêmit un peu, interloquée, et elle ralentit le pas, continuant tout de même à avancer, pour donner un coup de coude à Zéphyr : « Hey ! Hey ! », chuchote-t-elle, « Tu vois ce que je te disais ? Ils sont partout ! »

Zephyr roule de l'oeil… car il en a toujours qu'un de visible après tout... et se contente de rétorquer à l'herboriste : « Bien si les gardes les laissent passer… ils ont le droit. Puis y a un type à la taverne qui dit à qui veut l'entendre que un elfe ca va, c'est quand y en a plusieurs que ca pose problème. Donc ouais, je vois ce que tu veux dire. »

Ashram rangera ses dagues à leur fourreau... Soupirant doucement, il aura gâché une dose de poison pour rien finalement, le mercenaire avait juste eu un réflexe... Aucune intention de combattre. C'était dommage, il n’avait jamais eu l'occasion d'affronter un grand type à la peau sombre muni d'une hache qui devait peser au moins aussi lourd que la rouquine... Il détaillera son frère avant de désigner d'un mouvement de tête l'endroit ou se trouvait la taverne de l'autre soir... Sans un mot... jamais. Un être inférieur n'était surement pas digne d'entendre le son de sa voix.

Aenur ricane en entendant la vermine rousse, il a encore l'image de la veille alors que son carreau siffla a coté des oreilles de l'humaine, les laissant passer pour l'instant, comme il l'eut dit, ce n'est pas encore le moment de la sacrifier à Lolth.  il rejoint alors son frère et dira tout bas : « La vermine était non loin de nos grottes la lune dernière...à ramasser des plantes » ne disant rien de plus son frère se doutera qu'Aenur l'avait faite partir.

Elaine hausse les épaules. Elle lâche un profond soupir et décolle vers la forêt à petits pas, pressée de retrouver la fameuse liste...

Zephyr aime l'or donc la suit.

La liste retrouvée

 

 

Elaine s'engage dans la forêt. Au fur et à mesure de leur avancée, elle semble de plus en plus inquiète, jetant des regards autour d'elle avec frénésie. Elle sursaute au moindre craquement de bois et le bruissement produit par la course d'un renard non loin lui arrache même un petit cri minable.

Zephyr  garde maintenant constamment sa main sur le manche de sa hache. Le poing fermé dessus, il ne fait aucun doute qu'il pourrait la dégainer en une fraction de seconde si besoin. Il n'est pas visiblement plus effrayé quant à lui, juste plus silencieux. Il a tout de même besoin de mieux écouter ce qui peut bien se passer pour trier les sons entre ceux naturels et ceux qui seraient causer par une présence quelconque. Néanmoins, les errements de peur de la rouquine, le stresse un peu et fausse sa perception. Presque brièvement paternaliste, il lui lance :  « Faut pas avoir peur, je suis payé pour te protéger ? Enfin il parait que je suis payé tout du moins... »

Elaine se reprend plus ou moins, dressant l’échine et cessant de zieuter partout : « Oui, oui, je sais… C’est juste que j’ai tellement eu peur hier… » Ils finissent par atteindre l’endroit qu’elle aurait reconnu entre mille. La liste est là, sur la mousse. Elle pousse un long soupir de soulagement avant de se précipiter dessus pour s’en emparer comme si c’était un trésor infiniment précieux : « Aaaaah… MA liste. » Elle se retourne vers Zéphyr et lui adresse un grand sourire ravi, comme s’il venait de lui offrir un merveilleux cadeau : « Je me sens mieux ! »

Zephyr jette un oeil sur la silhouette de la rouquine et a une brève grimace qui lui déforme les lèvres, comme un sourire réprimé alors qu'il ne tire plus sur sa pipe pour que la fumée ne puisse pas venir trahir leur position à un quelconque prédateur. Difficile a dire pourquoi une telle réaction nerveuse, comme un tic d'expression, mais le mercenaire ne semble pas broncher. Écartant les branches de sa main libre, il arrive finalement avec la rouquine à la dite liste qu'elle avait perdu la veille. Inspectant les alentours un instant, avant de retourner son regard sur la jeune femme, un nouveau tic semble comme électrocuter ses traits avant de le contrôler pour répliquer :  « Une liste paresseuse donc au final »

Elaine agite la liste devant elle, comme pour s’éventer avec, en gloussant : « Oui, très paresseuse la coquine ! » Elle la parcourt rapidement du regard, les lèvres pincées : « Il manque encore deux trois plantes, je n’avais pas eu le temps de tout ramasser… » Battement de cils. Elle reprend sa marche mais en fixant le sol cette fois-ci, en mode recherche de plantes, balayant les sous-bois d’un œil minutieux et expert. Elle s’arrête de temps à autre, se penchant pour examiner en détail tel champignon ou telle baie, les cueillant parfois ou s’en éloignant en grommelant. Elle ne semble plus avoir peur, totalement prise par son activité.

Zephyr l'accompagne a sa manière. Néanmoins, son pouce dans son carcan de métal semble malmener un peu les sangles de la hachette qu'il maintient bien fermement de son poing. Son oeil suit la rouquine qui vadrouille presque, insouciante, comme si la foret n'était que son jardin. Son regard, bien que protecteur, s'abandonne souvent sur les rondeurs des fesses, moulées par sa tenue, de la jeune femme aux cheveux cuivrées. Les mèches d'ailleurs semblent attirer aussi son attention. A tel point que pour réprimer un autre tic, il se force à regarder ailleurs et aspire une bonne bouffée de fumée malgré tout comme pour s'apaiser. Il murmure quelques mots en expirant : « coquine oui.. essaie néanmoins de ne pas nous faire tomber sur des tarés »

Elaine poursuit cette lente recherche durant de longs instants, n’accordant guère d’attention à son garde du corps. Après avoir délicatement coupé les tiges d’une fleur d’amaryllis qu’elle range soigneusement dans une des poches à sa ceinture, elle se redresse et relie la liste à voix haute, les noms scientifiques et complexes de plantes se succédant les uns aux autres entre ses lèvres érudites. Elle pousse un long soupir d’aise : « On a tout ! » Elle replie prestement la liste et la glisse à sa ceinture : « Et bien, on peut rentrer… C’est bête quand même, les gens bizarres ne sortent-ils que quand je suis seule ? » Maintenant qu’ils en ont fini, elle semble presque déçue de n’avoir croisé aucun cinglé.

Zephyr prend la nouvelle avec un soupire d'aise. Pourtant il ne semblait pas plus inquiet que cela de croiser quelqu'un. Plissant son seul œil valide pour concentrer son regard sur la frimousse de la rouquine, il lui rétorque assez simplement : « Oh si j'étais complètement cinglé je sortirais pour t'embêter aussi si tu étais seule... Faut juste que tu sois patiente pour aller faire tes cueillettes avec moi et non comme si tu étais une guerrière née... »

Elaine sourit gentiment à Zéphyr : « C’est surtout que c’était censé être urgent… Enfin, ça m’a servi de leçon, j’suis pas prête d’y retourner seule. » Elle s’étire longuement avant de se mettre à bailler, plaquant tout de même une main sur ses lèvres afin de rester polie : « On rentre ? » Elle tourne les talons, s’élançant sur le chemin avec une certaine gaieté : « J’te paie dès qu’on est rentré ! » promet-elle pour l’encourager à presser le pas.

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