dimanche 7 septembre 2014

L'amanite à pierreries

Elaine va mal en ce moment et cela se traduit par une farouche tendance à la solitude couplée à des fréquentes visites au cimetière pour aller se recueillir –pleurnicher- sur la tombe de sa mère. Comme tous les jours depuis quelques temps, la jeune femme emprunte donc le chemin menant au cimetière, faisant au passage un long détour par la forêt.

Alors qu’elle progresse d’un pas traînant sur les pavés délimitant sa route, elle aperçoit une silhouette encapuchonnée, couverte d’une lourde cape noire. Un frisson court le long de son échine : cette vision n’a rien pour la rassurer. Déterminée, elle poursuit tout de même son avancée, pressant le pas dès qu’elle a dépassé l’ombre.

Nareshka s'était avancé presque à l'aveugle, le soleil n'était pas là pour l'aider bien au contraire, et sa vision n'en est qu'amoindri mais elle recherchait se foutu champignon. Nareshka avait bien fait attention à ne pas croiser les gardes ou s'approcher trop près de la cité, sachant bien d'après les dires d'Aenur qu'elle était en mouvement à cause de l'enlèvement. L'ilithiiri était bien recouverte, de dos comme de face impossible de voir sa couleur, elle savait pertinemment que seule il ne fallait pas se faire voir et encore moins connaître.

C'est quand elle entendra des bruits de pas derrière elle, qu'elle fléchit les genoux pour faire mine de chercher quelque chose...Bonne actrice surement...Ses oreilles malgré la capuche essayeront de capter les bruits qui s'éloignent, elle tentera de tourner la tête pour voir celui ou celle qui était dans son dos pour apercevoir une femme...La capuche l'aidant partiellement à mieux voir, elle est sans cesse obligée de plisser, frotter ses yeux pour les soulager, de là elle n'arrive pas à bien voir si c'est une elfe ou non...L'ilithiiri attendra qu'elle s'éloigne pour éventuellement la suivre...

Elaine poursuit donc son avancée vers le cimetière, prise d’une certaine angoisse. Depuis quelques temps, elle a développé comme une allergie à ceux qui se voilent sous des capes noires. Elle a la gorge nouée et regrette presque de n’avoir pas rebroussé chemin quand il en était encore temps. Elle se hâte de rejoindre le cimetière, comme si pareil lieu aller la rassurer. A peine a-t-elle pénétré dans cet endroit funeste, qu’elle se retourne, le cœur battant. L’a-t-on suivie ?

Nareshka s'était remise droite quand les pas se sont éloigné...Ses mains se découvrent de la cape pour venir frotter ses yeux qui commencé déjà à pleurer à cause de la luminosité...Elle soupire longuement et s'arrure que sa cape lui recouvre la poitrine et les mains, non pas qu'elle voulait se faire des amis, mais comment interroger les gens s'ils savent votre nature...Faut dire que la plupart du temps Nareshka se donne un malin plaisir à rabaisser les autres races. 

Finalement elle décide de se tourner pour suivre la femme, sachant déjà qu'elle ne devrait pas tarder à rentrer, son pas est lent et presque hésitant, ne cherchant pas à être discrète mais elle cherche surtout à bien s'orienter, son handicap commençait à prendre trop d'ampleur mais la prêtresse avait ce côté curieux sur les autres races, ne les ayant jamais vues, elle aimait étudier ces races qui pour elle... Étaient tous inférieures à elle...Bien évidement. L'ilithiiri arrive en haut de pente après pas mal de minutes...S'arrêtant net en voyant que ce qui semble être une humaine est planté là..

Elaine plisse les yeux. Le cimetière, perché sur une colline, est nappé d’une légère brume qui le plonge dans une atmosphère morbide et qui perturbe le sens de la vue. Elle trésaille lorsqu’elle finit par distinguer une silhouette gracile, drapée d’une longue cape. Elle a de bonnes raisons d’être inquiète mais un sursaut de raison la persuade de ne pas tout révéler directement. Après tout, elle a respecté son accord avec l’elfe noir. De quoi a-t-elle peur, alors ?

Elle avance d’un pas, s’efforçant de masquer sa peur. Son minois adopte une figure aimable et sa voix, bien que vibrante, est si chaleureuse qu’elle paraît dissiper le brouillard autour d’elle : « Salutation », elle ne parvient pas à distinguer quel visage se terre dans l’ombre de la capuche, « je… je peux quelque chose pour vous ? » Elle sourit avec nervosité.

Nareshka se dit qu'elle repassera surement pour la discrétion mais c'était une prêtresse et surtout elle voulait se foutu champignon, pour les deux mâles sont pas là quand elle en a le plus besoin...S'efforcera pour ne pas grimacer ou même pester à voix haute ce qui est un effort considérable pour l'ilithiiri, elle profitera de la brume pour baisser la tête et se tourner légèrement pour cacher toujours sa main et frotter ses yeux, la petite brume qui l'aider pas mal pour sa vision, du moins sa la soulagée et c'est lorsqu'elle entendra la voix de la femme qu'elle pourrait presque dessiner un visage doux, presque à l'équivalent des elfes ce qui n'était pas pour aider l'humaine...

Avant d'ouvrir la bouche Nareshka s'éclaircira la voix peut être qu'elle la prendra pour une vieille sorcière et parlera de sa voix charmeuse : « Salutation...Peut être...Je ne sais pas encore...J'étais à la recherche d'un champignon quand je t'ai vue... Quel est cet endroit ? » n'ayant pas encore mis les pieds dans un cimetière humain forcement c'était d'avantage curieux pour elle...

Elaine se fait violence intérieurement afin d’apaiser ses craintes. Après tout, cela peut n’être qu’une voyageuse perdue ou même un citoyen de Couronne désireux de rester anonyme… Depuis les récents évènements, elle a le sentiment de paniquer pour un rien et de ne pas parvenir à reprendre le contrôle sur ses émotions. La paranoïa dans laquelle la ville est plongée depuis la disparition d’un enfant n’arrange rien à cet état d’esprit.

Elle sait pourtant, que, si elle ne veut pas éveiller les soupçons et se mettre en danger par la même occasion, elle a intérêt à se remettre rapidement : « Un champignon ? », demande-t-elle d’une voix soudainement plus intéressée que craintive, « je peux peut-être vous aider, je suis herboriste.» Son sourire s’efface pour laisser place à une moue perplexe lorsque son interlocutrice l’interroge sur la nature du lieu où elles se trouvent : « C’est un cimetière », répond-elle sans réfléchir, « un endroit où nous enterrons nos morts… » Mais d’où vient-elle pour ignorer cela ?

Nareshka entendra qu'elle peut l'aider, ce qui pourrait l'arranger pas mal vue sa vision médiocre et ses yeux qui pleurent et qui ne s'arrêtent plus...Nareshka retiendra le mot cimetière, se demandant qu'elle était l'utilité de garder des morts....Pour elle c'était encore plus inutile que les elfes finalement. La drow se gardera bien de lui parler de ses pensées, pour sur qu'elle se fera griller si elle parle de sacrifice pour donner la mort et fermera ses lèvres...

Après quelques longues secondes elle se décide enfin à parler de sa voix qui sera devenue basse : « Je cherche un champignon pour sa toxine...J'ai entendue dire qu'elle était capable d'endormir quelqu'un...Mais mieux travaillée elle peut guérir... » Bien sûr la dernière partie était complètement fausse, mais pour se faire passer pour une gentille elle savait que le mot guérir était presque imparable, et puis ayant senti l'humaine intéressée...

Elaine cligne des yeux. Son interlocutrice a de la chance de l’avoir intéressée avec cette histoire de champignon. Son travail a tendance à lui faire oublier le reste et elle est plutôt prompte à aider autrui dès lors qu’on ne se montre pas désagréable avec elle… : « Vous ne connaissez pas le nom de ce fameux champignon ? », demande-t-elle à tout hasard. Cela lui faciliterait grandement la tâche…

Elle se met toutefois déjà à réfléchir. Elle ne demande jamais à ses clients ce qu’ils comptent faire des plantes qu’elle leur fournit mais comme ce sont, en général, des alchimistes d’Etat, leur activité est de toute façon contrôlée… : « Un champignon somnifère… Je verrais peut-être. » Elle ajoute, continuant de réfléchir : « Mais… Je ne pense pas qu’il puisse soigner quoi que ce soit, même apprêté par le meilleur des alchimistes. »

Nareshka esquisse un sourire, la partie sur la guérison était tombée à l'eau, ses épaules se relèveront à peine : « Je voulais juste voir si tu ne me mentais pas sur ta connaissance... » Le nom...Elle le connaissait dans le langage des drows et non celui des humains alors ca risque d'être difficile...: « Je ne connais pas son nom...Mais je suis sûr qu'une experte comme toi...Sera capable de me guider vers le bon chemin » la fin de sa phrase sera hachurée, vraiment difficile pour elle de complimenter une sous-race, mais pour l'instant elle n'avait pas le choix, Nareshka était seule et avec sa vision amoindrie, une aide était la bienvenue, au pire elle prolonge simplement sa survie dans les bois...

Elaine n’est plus vraiment effrayée mais elle a développé tout de même une certaine méfiance vis-à-vis de cette femme qui lui apparaît suspecte en bien des points. Toutefois, elle ne se voit pas lui refuser de l’aide : « L’Amanita gemmata contient une toxine qui endort », se contente-t-elle de dire, « on la nomme aussi amanite à pierreries. Je sais où la trouver. » Ce champignon est utilisé à Couronne, par les alchimistes, pour réaliser des somnifères vendus aux citoyens insomniaques.

Elle esquisse quelques pas vers la créature encapuchonnée, fendant la brume de son corps frêle. Toujours impossible de distinguer son visage : « Vous avez de la chance, je n’ai rien de mieux à faire », lui dit-elle d’un ton amène, « suivez-moi, je vous prie, mais soyez sur vos gardes. Il y a des êtres dangereux dans la forêt… »

Nareshka écoutera la jeune femme, et retiendra le nom donné par les humains ça peut toujours servir, puis ça évite de parler le langage des ilithiiris, au moins elle peut garder son identité secrète, peut être qu'elle la prendra pour une femme au visage déformé, elle en voyait beaucoup dans l'outre terre des femmes défiguré et qui porté une capuche...Enfin c'était une humaine alors c'est sûr qu'elle n'avait pas les mêmes références.

C'est lorsqu'elle verra la petite chose descendre qu'elle s'écartera, une fois de plus tout était presque calculé, bien que ce mouvement lui coûte beaucoup à son égo, elle fera avec et puis personne n'était là pour la voir, sa voix se fait plus basse : « L'Amanita gemmata...Ça me dit quelque chose...Mes pertes de mémoire... »  soupire un peu, avec un peu de chance ça passera et ajoutera : « Je te suis...Je ferai attention... »

Elaine s’engage donc sur le chemin, vérifiant, cette fois-ci sans crainte, que la créature la suit. Plus elle passe de temps en sa compagnie, plus elle est curieuse de comprendre. Elle sent bien que quelque chose ne colle pas dans cette histoire mais elle serait incapable de dire quoi. Alors qu’elles dévalent le chemin, le brouillard s’estompe rapidement, laissant place aux rayons chaleureux du soleil : « Je ne vous ai jamais croisée… Vous êtes nouvelle dans la région ? », demande-t-elle avec intérêt tout en marchant.

Dès qu’elles s’approchent des bois, Elaine porte toute son attention sur le sol, balayant celui-ci d’un œil expert. Cela fait quelques temps qu’elle n’en a pas ramassé et elle doit donc chercher. Il leur faudra marcher durant de longues minutes avant qu’elle ne s’arrête, en pointant le sol d’un doigt enthousiaste : « Là ! » fait-elle. Elle lui indique un petit groupe de champignons au chapeau jaune pâle, au pied blanc et court, mesurant une dizaine de centimètres de hauteur. Elle va s’accroupir auprès de ceux-ci afin de les examiner d’un regard plus précis : « Oui », confirme-t-elle, « ce sont bien des amanita gemmata ».

Nareshka suivra la jeune femme et quand elle quitte la brume, les rayons du soleil qui semble si étincelant pour certain pour elle c'était pleinement une massacre pour ses yeux et elle titubera un peu et ses pas seront plus long, elle passera surement pour une vieille...Ce qui pourrait être à son avantage, sauf qu'elle ne pourra pas frotter ses yeux et elle baissera d'avantage la tête comme pour se cacher et se soulager parce-que là elle douille sévère...La marche lui paraîtra longue et c'est quand elle entendra l'humaine dire là qu'elle relèvera un peu la tête pour voir les champignons en question sauf que sa vision est tellement amochée qu'elle voit pas grand chose et là elle est obligé de faire confiance à l'humaine ce qui la fera grommeler : « Peux-tu... Me les couper ? » s'arrêtera dans sa phrase pour lui répondre : « Je vis dans la forêt, je n'aime pas le monde...Ni le bruit...Et toi...Tu vis dans la cité ? »

Elaine note que la femme peine à avancer. Peut-être est-elle en effet une vieille sorcière solitaire un peu originale, vivant aux tréfonds des bois, là où même la petite rousse ne s’est jamais rendue… : « Oui, je vis à Couronne. Je me nomme Elaine Seleigh et j’y travaille en tant qu’herboriste. » Elaine reste penchée au-dessus des fameux champignons. Elle décroche de sa ceinture le petit couteau destiné à la cueillette des mycètes et coupe délicatement le pied blanchâtre des amanites, veillant bien à ne pas les arracher. Elle range la lame et se redresse, les mains pleines de champignons.

Elle s’avance vers la prétendue vieille femme : « Tenez, voilà. Dîtes moi… Vous qui vivez dans les bois depuis longtemps… N’avez-vous pas remarqué des choses étranges s’y dérouler depuis quelques temps ? » Manière subtile de tâter le terrain sans révéler quoi que ce soit… Tout en prononçant ces mots, elle baisse les yeux dans l’espoir de distinguer les mains de son interlocutrice lorsque celle-ci va récupérer le butin. Seront-elles fripées ?

Nareshka esquisse un sourire et sent les larmes couler le long de ses joues le soleil est juste en train de lui tuer la vue, mais bon elle ne peut pas quitter les lieux alors qu'elle est à deux doigts de récupérer les champignons et là..Une dilemme s'impose...Comment les récupérer si elle sort les mains elle verra la couleur et nul doute qu'elle verra que c'est une ilithiiri, du coup elle calle sa main sous sa cape pour la soulever et dira : « J'évite de toucher les champignons...J'ai eu beaucoup de mauvaises expériences... » Sa seconde main fera de même pour faire une sorte de cuve avec la cape, dissimulant toujours sa nature, Nareshka rajoutera : 

« La forêt dissimule bien des choses... J'ai pu croiser des centaures et des faunes là où habituellement ils restent dans les profondeurs...C'est surement qu'il a dû se passer quelque chose… Pourquoi ? As-tu fait une mauvaise rencontre...Elaine ? »

Elaine frémit légèrement : « Je les touche, moi, vous voyez bien qu’il n’y a pas de risque… La toxine ne s’extrait qu’à la cuisson. » Elle dépose toutefois les champignons dans le pan de cape que l’énigmatique créature lui offre, déçue de n’avoir pu distinguer ses mains. Sa curiosité est attisée par l’attitude de cette dernière et en même temps, elle a la vive intuition qu’elle ferait mieux de ne pas chercher trop loin…

Mais Elaine manque encore de prudence et de maturité, et elle se laissera emporter par le flux de ses émotions : « Oh, et bien… Il paraît qu’il y a des elfes noirs qui traînent dans les bois. Ce sont peut-être eux qui effraient les faunes et les centaures… » Elle ne mentionnera rien au sujet de ses propres rencontres mais l’éclat de peur dans ses yeux trahit facilement qu’elle ne fonde pas son propos que sur des rumeurs…

Nareshka réceptionne les champignons sans pour autant la remercier au encore lui répondre...Elle relèvera un peu le visage pour voir la frimousse de l'humaine, et sans bien voir elle sentira à ses mots la peur qui l'envahit pourtant quand elle parle d'elfe noir, elle grimace et ne la rectifiera pas :

« Les elfes à la peau sombre sont effectivement dans les parages...Heureusement je vit bien trop loin pour les intéresser...Cela dit, je les ai beaucoup étudiés et...Ils aiment particulièrement torturer et verser le sang des jeunes êtres...Comme toi...Ils sont réputés pour leur méchanceté gratuite et leur plaisir à s'adonner à des rituels ou je ne sais quoi encore... Évite de t'aventurer trop loin, sauf si la curiosité de pousse à faire leur rencontre... »

La vue commençait à lui manquer et écourtera leur rencontre : « Je vais devoir retourner dans les bois... Je ne veux pas trop m'exposer...Peut-être que nous nous reverrons...Elaine l'herboriste. », elle commence déjà à s'écarter toujours en titubant, sa vision commence à se troubler et ses pieds ne se lèvent plus du sol, se contentant de les trainer comme pour tâter le terrain et ne pas tomber sur une racine

Elaine fronce les sourcils au fur et à mesure de l’explication de la vieillarde. Elle semble en effet très bien les connaître et le tableau qu’elle en peint n’a rien qui donne envie de s’en approcher davantage… S’ils aiment tant verser le sang des innocents, pourquoi n’ont-ils pas encore versé le mien ? se demande Elaine. Elle ne peut réprimer une moue étonnée, constatant que la femme ne laisse paraître aucune peur à l’égard des êtres qu’elle décrit. Peut-être est-elle une sorcière assez puissante pour se protéger, en dépit des apparences qui la rendent bien minable, peinant à se déplacer… Elaine la suit du regard alors qu’elle s’éloigne, n’ayant pas eu les réponses aux questions qu’elle se posait à son sujet : « Vous ne m’avez même pas donné votre nom, ma dame ! » s’exclame-t-elle, espérant encore grappiller quelque information : « Soyez prudente ! »

Nareshka s'arrêtera en chemin et lâchera un : « Mon nom t'importe peu petite chose...Mais si l'envie me dit de te revoir soit sûre que nos chemins se recroiseront... » 

Elle reprendra sa route en cherchant toujours son chemin, là elle commence à pester et râler ce qui dans la forêt malgré la lumière et les rayons qui donne un tableau des plus magnifiques, donnera un soupçon de sorcellerie, et d'ailleurs elle finit par arriver à destination. Nareshka ne prendra pas la peine de se retourner pour voir si elle l'avait suivie, bien trop occupé à chercher à reposer ses yeux qui devaient ressembler à deux billes rouges...Une fois à l'intérieur elle soupire et prendra un peu le temps de se reposer, enfin reposer ses yeux bien sûr.

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